Pognés à Puno

December 29th, 2018
Posted in Pérou 2018
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Toute cette petite histoire commence avec ce qu’il est convenu d’appeler le “mal de l’altitude“. Lorsque j’ai fait mes recherches sur le Pérou, le mal de l’altitude revenait souvent. On disait qu’il ne fallait pas arriver trop vite en haute altitude sous peine d’avoir le mal de l’altitude. Donc, notre trajet à date était: Lima (0m) puis Arequipa (2800m) et ensuite, par autobus, Puno, le plus haut à 3800m. J’étais sûr que malgré ces précautions, j’en aurais été la première victime. Mais, finalement, c’est mon chum qui a écopé. Donc, nous arrivons à Puno, par autobus et le programme est le suivant: nous couchons une nuit en ville, puis, le lendemain, nous partons en bateau sur le lac Titikaka à la découverte des îles et de leurs habitants typiques. Trajet que j’anticipais plutôt touristique à en juger par la quantité de touristes techniques (beaux back packs et pantalons convertibles) qui s’empilent autour du quai mais qui se trouve compensé par le fait que nous prévoyions coucher “chez l’habitant”, dans un coin reculé de Taquile pour une nuit ce que peu de gens font.

En arrivant, mon chum commence à avoir un bon mal de tête. Le maté de Coca ne semble ne rien y faire et en plus, passé 16:00, ce n’est pas une bonne idée si on veut dormir le soir. Ainsi, durant la nuit, notre plan commence à dérailler. À deux heures du matin, je vois mon chum tourner sans arrêt et je lui demande comment il va. “Je n’ai jamais eu mal à la tête comme ça de ma vie…” Deux Tylenols puis deux Advil n’y font rien. Deux heures et demi et mon chum sort une compresse d’eau froide qu’il se met sur le front tellement qu’il n’en peut plus. Durant l’heure qui suit, je me retrouve préposé au refraîchissement de la compresse. Mais il ne va pas mieux. Entre les changements, je revise les médicaments et tout ce qui s’est écrit sur l’Internet à ce sujet. Ayant écarté le danger de l’Å“dème pulmonaire (il ne tousse pas en sortant du flegme mousseux) je reste toutefois un peu inquiet sur la possibilité de l’Å“dème cervical. Finalement, les analgésiques commencent à faire un peu effet, et il fini par s’endormir. Au matin, nous décidons de changer les plans. À 6:45, je vais attendre le pick-up et lui dire que nous ne pourrons pas aller sur le lac, j’arrange les réservations d’hôtel puis je vais à la pharmacie lui acheter de l’Acetak, qui selon toute vraisemblance est la molécule efficace pour alléger les symptômes du mal de l’altitude. Finalement, à 8:30, il descend déjeuner et se trouve beaucoup mieux, quoique encore un peu fragile. La “tuque de douleur” semble s’effacer.

Tout ça pour dire que finalement, nous devons passer la journée tranquillo à Puno qui n’est pas réputée être une très belle ville. Notre premier contact nous laisse bien croire ça. Rues étroites avec trottoirs encore plus étroits, automobilistes qui n’en ont rien à cirer d’un piéton sur une traverse, klaxons abondants, moteurs mal entretenus qui dégurgitent des miasmes atmosphériques tout droit sortis des enfers que même les vents abondants n’arrivent pas à déplacer. Anyways, on s’est dit qu’on n’avait pas le choix et que derrière le laid, se trouve toujours du beau. Je prends mon google-map, (j’ai du data illimité avec ma puce locale), et je cherche les attractions. Je tombe sur le musée du Yavari, bateau construit en 1862, arrivé en “kit” transporté à dos de mule pour être assemblé sur le lac navigable le plus haut au monde. Les revues sont dithyrambiques, on y va! Je vois que c’est un peu loin à pied, on y va en taxi. Le taxi nous amène au bout d’une route en terre devenue boueuse à la suite d’une pluie soudaine. Nous débarquons en nous demandant comment on va faire pour revenir car c’est quand même loin du centre… Voici ce qu’on voit à l’arrivée:

Nous nous retrouvons directement en plein milieu d’un mariage comme en font foi les robes des dames à gauche et les confettis sur la tête du monsieur derrière moi. On continu vers le bateau:

Et on s’imagine que le mariage va investir la place. Comme ça fait 15 minutes de taxi qu’on fait, je me dit qu’il faut quand même aller voir. Le responsable du bateau ne veut pas initialement nous laisser entrer car les mariés on loué tout le bateau mais quand il a sut qu’on était canadiens, il est devenu super-enthousiaste et nous dit que c’est correct que nous visitions. Nous montons à bord. Le bateau est présentement en rénovation (c’est pour ça qu’il est à sec) mais tout de suite on sent l’atmosphère fin dix-neuvième, un peu décatie. La salle de réception a de la gueule:

Si on exclut évidemment les petites chaises droites juste bonnes à vous faire une belle colonne vertébrale si vous êtes capables de vous endurer plus d’une demi-heure dessus.

Nous sommes ensuite sortis. Et c’est là qu’on sent tout ce coté bateau-fantôme en cette journée soudainement pluvieuse.

On se garde une petite gêne car on ne veut pas crasher le party qui s’en vient et on repart vers le centre.

Nous avions vu avec notre taxi d’avant qu’il y avait une sorte de marché non-touristique près du centre. Nous y débarquèrent. Vous pouvez admirer ici le joyeux bordel tout latino qu’on découvre dans ce marché:

La rue du marché n’est même pas piétonnière. Je me demande comment les gens font pour même acheter quelque chose des commerçants. Plus je regarde cette photo, plus je la trouve laide. Mais un laid que je dirais beau tellement il représente le bordel de tous les centres latinos. Remarquez l’horrible antenne cellulaire derrière, sortie de terre tel un monstre métallique rachitique. Les feux de circulation qui n’ont plus aucune utilité au dessus de ce bordel. Et les fils électriques. Pourquoi tant de fils? Aucun édifice n’est pareil ni de la même hauteur. De quoi faire frémir Haussmann… En avant plan, vous voyez ces touk-touks, belle évolution convergente avec ceux qu’on voit à Bangkok. Les mannequins dans la tente bleue à l’image de petites pouponnes livides qui ne ressemblent physiquement à aucune personne qu’on voit ici. On n’en finit pas de voir toutes sortes de choses. Imaginez quand on marche là-dedans. C’est magique. En tant que touriste, il faut arrêter de chercher la photo parfaite et les belles choses à prendre en photo pour montrer que notre voyage était le plus beau du monde. Des fois, c’est juste franchement laid et c’est correct.

Donc, nous retournons vers notre hôtel, lentement, mal de l’altitude oblige. En marchant, on découvre ces gens séparés d’une génération.

L’Inca disparaîtra, je vous le dit. Enfin, l’habillement plutôt. L’esprit de l’Inca restera dans la physionomie, dans le language, dans leur résistance complète au mal de l’altitude. L’Inca est né ici, sur l’île du soleil sur le lac même, selon la légende.

On continue et on retombe sur des mariages. On dirait que c’est la journée.

On est loin de la Bentley, mais on gagne en charme. Ici, on s’organise avec ce qu’on a.

On veut ensuite aller voir la cathédrale mais encore une fois, un mariage la bloque.

On va au parc en attendant qu’on puisse entrer. Une dame Inca nous accoste et veut vraiment, absolument me vendre une tuque andine. Il est de ces gens qui sont capables d’ouvrir les voies de communication sans effort et ce, malgré une barrière en apparence insurmontable (je n’en voulais vraiment pas de tuque andine). Elle commence à nous déballer toutes ses tuques, et tant qu’à y être, tout son linge qu’elle transporte dans une immense poche aussi grosse qu’elle. Finalement, je garde toujours ma position et elle me regarde: “envoye, là, faut que tu m’achètes quelque chose, voyons, donc…” avec un sourire et des dents dans toutes les directions. Je cède. J’achète une tuque andine dont je n’ai pas besoin qui n’est même pas faite en laine de lama… MAIS j’ai une photo. 🙂

…d’une personne unique qui a la capacité particulière de communiquer avec des touristes rèches comme moi qui ne veulent pas de tuque andine.

Finalement, on se rend à la cathédrale où la sortie du mariage bas son plein, mariachis inclus.

Prenez le temps de regarder. Il y a plein d’affaires là-dedans. Les deux dames incas avec leur chapeau melon jackés. L’arche en rose blanche et sa cloche. Les invités, tous différents. Et la mariée qui est définitivement la plus heureuse.

Les mariachis les attendent pour une petite danse à la porte. Bien moins coincé que chez nous, je vous dit.

Des mariachis au Pérou? Vous me direz? Oui, nous aussi c’est la première fois qu’on voit ça. D’habitude c’est plutôt des joueurs de flute de pan qui jouent “El condor passa”… En tous cas, ça fait un beau changement.

De mon côté, j’attends qu’une brèche s’ouvre derrière l’arche de roses blanches afin que nous puissions enfin visiter la cathédrale tout en revêtant fièrement ma toute nouvelle tuque andine. Ceci sans vraiment remarquer l’étrange crucifix qui se dresse derrière moi.

Finalement, nous entrons dans une cathédrale, ma foi, très belle.

Sur le côté, plein de représentations de différentes “virgen”. À l’entrée, une dame vendait des chandelle et mon chum se met donc à les allumer. Rassurez-vous, nous sommes athées, mais c’est une Gestalt à laquelle mon chum aime s’adonner.

Et puis, c’est le temps de sortir. La lumière dans cette église est vraiment magique.

Et à la fin, il faut quand même bien ramasser les maudits confettis. Je remarque que la dame qui balaie est celle qui nous a vendu les chandelles à l’entrée.

Durant ce temps, les mariés et leur suite font une dernière danse toujours bien entraînés par les mariachis. Ils partiront dans la joie à bord de leur Yaris judicieusement décorée de roses blanches à l’avant. En avant-plan, une dame vend une sorte de sundae dont on ne connaît pas la teneur à une enfant.

La fin de l’après-midi approche et il est temps pour nous d’aller se reposer et pour mon chum d’aller prendre sa pilule contre le mal de l’altitude qui ma foi, semble bien fonctionner.